Notes d’allocution
du président de l’Assemblée nationale,
M. Jacques Chagnon
À l’occasion de la cérémonie de remise des insignes
de l’Ordre de la Pléiade
Québec, le jeudi 12 juillet 2018, à 18 h 30
Domaine Cataraqui
Par Martine Dignard
Bonsoir,
Je suis heureux de vous accueillir dans cet immeuble patrimonial classé et situé dans un parc historique, pittoresque et unique au Québec.
Deux mots me viennent en tête et traduisent mon état d’esprit en cette soirée de remise de l’insigne de la Pléiade : ces mots sont privilège et honneur. Privilège d’être en compagnie de personnes dont la carrière et l’engagement se sont manifestés en servant les idéaux de coopération et d’amitié de la francophonie. Et Honneur de vous remettre cette distinction en mon nom et en celui de tous les membres de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie.
L’Ordre de la Pléiade est l’Ordre de la Francophonie et du dialogue des cultures. Il tire son origine de l’Organisation internationale de la Francophonie et a été créé en 1976 par son assemblée parlementaire, qui, elle, a vu le jour en 1967.
Cet ordre reconnaît les mérites de personnalités issues de différents domaines, mais unies par leur intérêt envers la francophonie et ses valeurs, lesquelles consistent à promouvoir et à défendre la démocratie, l’État de droit, le respect des droits de la personne, le rayonnement international de la langue française et la diversité culturelle.
Prendre la défense de sa langue et désirer l’enrichir n’est pas un fait nouveau. La Pléiade est issue d’un groupe de poètes français du 16e siècle dont Pierre de Ronsard et Joachim Du Belley sont sans aucun doute les plus légendaires.
En 1549, Joachim Du Belley publie La Défense et illustration de la langue française (La Deffence et Illustration de la Langue Francoyse dans l’orthographe originale). Ce livre est considéré comme le manifeste des idées des poètes de la Pléiade. Ce texte fondateur souhaite mener une réflexion sur les moyens d’enrichir la langue et la littérature française et de faire progresser la culture française sur le modèle de la Renaissance italienne en redécouvrant la culture antique, ses arts et son savoir.
469 ans plus tard, nous voici réunis avec la même conviction que la défense des valeurs de la Francophonie est toujours aussi actuelle et percutante.
Aujourd’hui, ce sont 6 personnes qui viennent grossir les rangs des personnes décorées de cette médaille représentant une étoile à 7 branches émaillées de bleu et à double face présentant à l’avers un médaillon avec une rose des vents soulignée par l’exergue « la Pléiade, ordre de la Francophonie », entourée de 7 petites étoiles, placées dans les 7 branches de l’insigne. Au revers, le pont Adolphe, à Luxembourg, où a été créée l’Assemblée parlementaire de la francophonie, symbole d’unité.
Dans quelques instants, 5 personnes obtiendront le grade de CHEVALIER et 1 personne recevra le grade d’OFFICIER.
Parmi ces personnalités, 2 personnes chevronnées sont issues du monde politique et de l’administration publique. Il s’agit de Mme Maryse Gaudreault et de
M. Normand Jutras.
Deux professeurs émérites ont quant à eux consacré leur vie à la recherche. J’ai nommé MM. Réjean Pelletier et Alain G. Gagnon.
Finalement, 2 personnes se sont distinguées dans le milieu littéraire et artistique. Je vous les présente : Mme Claudine Bertrand et M. Alain Chartrand.
Mme Maryse Gaudreault est députée à l’Assemblée nationale du Québec depuis 2008. Elle est vice-présidente de l’Assemblée et
1re vice-présidente du Réseau des femmes parlementaires de la Francophonie. Ce réseau vise à renforcer la place et le rôle des femmes dans les parlements membres et dans les organisations internationales, à favoriser les échanges d’expérience, à encourager la solidarité entre femmes parlementaires et, enfin et surtout, à contribuer à la défense des droits de la femme et de l’enfant.
Femme engagée, elle compte de nombreuses années d’expérience dans le domaine de la philanthropie et du bénévolat. L’avancement des femmes, l’alphabétisation et les œuvres humanitaires figurent parmi les causes qu’elle défend toujours avec autant de conviction et de passion, et cela, dans toutes les fonctions qu’elle occupe.
M. Normand Jutras est avocat de formation. En 1994, M. Jutras fait le saut en politique et est élu député de Drummond. Il est tour à tour whip adjoint du gouvernement, ministre de la Sécurité publique et ministre de la Justice en 2002 et 2003. L’accessibilité à une justice plus efficace et à moindre coût, la démystification du processus judiciaire, la poursuite d’une communication accrue avec le Barreau du Québec, la mise en place d’une réforme de procédure civile et un soutien plus grand aux victimes d’actes criminels figurent parmi les causes qu’il a défendues bec et ongles pendant sa carrière. De 2013 à 2018, il a été curateur public. Plusieurs ont salué son passage en disant qu’il avait toujours agi comme un bon père de famille et qu’il avait fait preuve d’une grande efficacité dans son rôle de protecteur des personnes inaptes et du patrimoine des mineurs du Québec.
Politologue et professeur titulaire au Département de science politique de l’Université Laval,M. Réjean Pelletier analyse la politique québécoise et canadienne et leur système électoral depuis ses débuts comme professeur universitaire et chercheur. D’ailleurs, tous ceux et celles qui s’intéressent à la politique connaissent ce politologue invité à commenter régulièrement la politique sur différentes plates-formes médiatiques.
Que ce soit au moyen de ses nombreuses publications, de ses conférences, de ses communications publiques, pour son expertise pointue, ou comme professeur-chercheur, M. Pelletier a contribué à l’avancement des connaissances sur notre démocratie, ses fondements, sa structure, ses enjeux et ses défis futurs.
La carrière universitaire de M. Alain G. Gagnon a outrepassé les frontières du Québec et du Canada. Plusieurs de ses travaux ont été traduits dans plusieurs langues. Chercheur de premier plan, il a contribué à nourrir
3 générations de chercheurs dans les domaines de la politique constitutionnelle, du fédéralisme, du nationalisme, de la sociologie des intellectuels, de l’économie politique et de politiques publiques.
Professeur titulaire au Département de science politique de l’Université du Québec à Montréal et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en études québécoises et canadiennes, il aura toute sa vie cherché à comprendre le monde dans lequel nous nous inscrivons.
Mme Claudine Bertrand a, quant à elle, investi le milieu littéraire et du journalisme. Poétesse, essayiste, pédagogue et journaliste, c’est avec les mots de la langue française qu’elle a jonglé tout au long de son parcours professionnel. Honorée à plusieurs reprises pour ses écrits poétiques, plus particulièrement, elle a contribué à faire connaître la poésie québécoise à l’étranger par ses nombreuses lectures, ses conférences et ses ateliers de poésie. On lui doit également la création de la revue Arcade consacrée à l’écriture des femmes, toujours avec le dessein de faire connaître la littérature, de la diffuser et de la rendre accessible au plus grand nombre et ainsi d’enrichir la culture francophone.
M. Alain Chartrand s’élève en grade aujourd’hui en devenant officier, puisqu’en 1998, il avait été fait chevalier par l’Ordre de la Pléiade.
Biologiste de formation, M. Chartrand a bifurqué vers le monde de la chanson dans les années 80. Il s’est plus particulièrement fait connaître en cofondant le Coup de cœur francophone, premier festival montréalais dédié à la chanson francophone (1987). La légende veut que M. Chartrand en ait discuté pour la 1ère fois avec ses trois autres complices, à la Brasserie de la Salle – deuxième table à droite, sur la rue Ontario à Montréal ! Depuis, il en assure la direction générale et artistique, contribuant ainsi au succès de cette activité phare, novatrice et pionnière dans son domaine. Aujourd’hui, le festival est présenté dans près de 50 villes canadiennes, favorisant l’émergence de la chanson francophone à travers différents modes d’expression et la découverte d’artistes de la scène nationale et internationale.
Parmi ses nombreuses réalisations, mentionnons également celle de rédacteur en chef de la revue Chansons (1990-1996) et celle de président de l’Association des réseaux d’événements artistiques (2006-2016).
Vous serez sans doute d’accord avec moi, Mesdames et Messieurs, pour dire que les récipiendaires que nous honorons aujourd’hui ont tous contribué à leur façon à l’enrichissement de la culture francophone. Leur désir de dépassement dans chacun de leur domaine, leur engagement et bien sûr leur talent continuent d’être une source d’inspiration et d’impulsion dans l’ensemble de la Francophonie.
Clôture de la 34e Session de l’APF
Puisqu’il s’agit de notre dernière rencontre, permettez-moi maintenant de vous remercier en mon nom et en celui de la Section du Québec, pour votre présence et participation aux travaux de cette 34e Session de l’Assemblée régionale Amérique (ARAM).
Un remerciement particulier à la présidente déléguée de l’Assemblée régionale Amérique, la députée Carole Poirier, qui a su de main de maître présider les travaux.
Je tiens également à souligner le travail de toute l’équipe de l’Assemblée nationale qui a participé avec brio au succès de cette rencontre.
Nos échanges concernant la thématique annuelle, soit l’offre francophone numérique, ont été enrichissants. Ces échanges nous seront utiles dans le cadre de nos fonctions de législateurs. Il est primordial que ce lieu privilégié de dialogues ait un écho dans nos institutions respectives et fasse rayonner la Francophonie.
L’avenir nous réserve sans doute encore mille et une questions et autant de défis. Une chose est certaine, néanmoins, la Francophonie sera toujours un lieu, qu’il soit physique ou moral, où nous pourrons unir nos idées et nos actions afin d’être plus forts et inspirés.
Je terminerai sur une phrase de l’un des plus notoires ambassadeurs de la langue française, Gilles Vigneault, poète, auteur de contes et de chansons et auteur-compositeur-interprète québécois. Cette phrase va comme suit : « La Francophonie, c’est un vaste pays, sans frontières. C’est celui de la langue française. C’est le pays de l’intérieur. C’est le pays invisible, spirituel, mental, moral qui est en chacun de vous. »
Merci et bon retour à la maison!