Le « Passe-livre virtuel » à écouter

Claudine Bertrand lit des textes qui constitueront un ensemble de « capsules » à écouter.

Cliquer sur le lien pour accéder aux textes :

https://www.youtube.com/watch?v=8v5Q8CeuoqU

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NOIR LUNAIRE

À gauche de mes égarements
des visions limpides
sur écran
dans le noir du noir lunaire
en 4e dimension la mort apparaît
sous les traits d’une femme
j’entends des hurlements de l’entre-vie
derrière le tableau de la Terre de Feu
à la lueur de l’eau
j’enregistre des fictions
je passe à côté du cadavre exquis
je suis
la Chercheuse d’Images
derrière la pellicule
où se filme la nuit moule noire
sous l’effet d’une plante hallucinatoire
je vois la fibre du texte
dans la marge affolante
comme une chambre en soi
je marche dans mes pas
à l’état d’ébauche
ombre de moi-même

une impression altérée
pour ne pas abolir le hasard
superpose la séquence parallèle
vu de profil le désir
portrait en intériorité
sans céder aux jeux des mots
des nombres pêle-mêle à l’écran
des fissures me cernent
Terre brûlée
qu’emporte mon chagrin
je passe derrière
engloutie à côté

j’existe
si jamais je fus
désert desséché
maintenant perdue
morte à la vie
il pleut
mes seins
pleurent dans mes rêves
ton corps
une vive déchirure
rien n’arrivera plus
que des ombres
qui me fuient
Noire et belle
les yeux séduisants
posés sur l’univers
elle attendait
la nuit sans lune
une sorte d’extase
sur les épaules
lui montait au visage
dans la chambre
des vertiges
au présent inattendu
elle ne pouvait s’empêcher
de penser à ceci :
après
une vie de mémoire ruinée
elle n’était plus
que l’aura d’elle-même

Celle qui a la nuit pour domaine
redoute le sommeil et laisse échapper
un hurlement de l’autre voix
mon insomnie mon insomnie
elle râle son rôle
dominée par la nuit
mot à mot et pas à pas
quand elle passe elle rôde
la voilà livrée aux sortilèges

c’est elle que je vois que j’entends
sous les baisers au creux des caresses
son silence est derrière sa parole est devant
belle au bois dormant qui s’éveille millénaire
se lève depuis toute origine
elle du corps et des mots
elle de son texte interdit

c’est elle qui intérieurement domine la nuit magique
elle cache son visage sous le jour avec un masque
éteignez les lumières crie-t-elle pour mieux voir
je n’ai plus de bouche je suis morte femme-vampire
me voici noctambule et nyctalope
je longe les murs des corridors de la parole-lumière

pour tout domaine la nuit à dominer le noir