Un article de Normand Baillargeon à propos de la parution de Autour de l’obscur
Claudine Bertrand a signé de nombreux recueils de poésie qui lui ont valu des prix, la reconnaissance de ses pairs et l’affection de son lectorat. Elle nous propose cette fois un recueil intime, sensible et fragile. Claudine Bertrand est en effet dans ces pages en dialogue avec une amie chère, Louise Blouin, qui est mourante. Entre les deux femmes existent de nombreux liens : parmi eux, l’amour de la poésie.
Bertrand trace donc le portrait de cette amie – poète et enseignante, comme elle-même – et de ces moments passés avec elle sous l’ombre lourde de la mort, à l’heure de la terrible « volte-face de naissance » tandis que « s’affole/ La pesée des âmes ».
On l’aura deviné : pour que la magie de cette œuvre opère, il faut y pénétrer le plus discrètement possible, en s’efforçant de ne rien troubler – un peu comme on entrerait dans un temple où s’apprête à commencer une cérémonie de la plus haute importance et à laquelle on arriverait en retard. On assiste alors, témoins émus et privilégiés, au douloureux spectacle de l’amie qui « arpente/ de mauvais présages/ À bout portant », de l’amie qui « Se terre à l’horizon/ Et comme parole/ Se cache pour mourir ».
Claudine Bertrand, Autour de l’obscur, Montréal, L’Hexagone, 2008, 72 p.
Normand Baillargeon est Professeur au département d’éducation et de pédagogie, UQAM