Dans les poèmes que nous vous donnons à lire, la poétesse canadienne Claudine Bertrand exprime sa fascination pour l’Afrique et pour la peau noire qui y est maîtresse ès beauté. C’est sous le grand
étendard Passion Afrique qu’elle les a tout naturellement regroupés.
Même si Claudine Bertrand a forcément un regard d’Occidentale, elle est illuminée par ce « pays de ruine et de lumière » par « ce pays de la mort » « où prononcer le nom du Tyran / te rends la parole » !
En tant que poétesse sensible à tous les ailleurs, elle tente de faire sauter les « portes closes » des « lèvres interdites » « Jusqu’ à ce qu’une fleur apparaisse » à celui qui « attend(s) les mots des poètes /comme des clés/ qui libèrent de la barbarie » !
Dès lors sa poésie se fait engagement en faveur de la dignité de celui qu’elle appelle dans son prisme blanc : l’ « Homme sauvage / à la bouche nomade » et qui n’est autre que l’Africain noir…
S’aventurer sans freins dans les méandres initiatiques de l’Afrique sauvage réattribue la profonde parole-lumière à Claudine Bertrand, laquelle découvre, au risque de se grandement brûler les yeux : la perfection de la prière noire de l’Amour noir ensorceleur : « aimer est une prière noire / Au rythme du tam-tam / des peaux nues / brillent comme une affiche ».
La poésie de Claudine Bertrand est une poésie subtilement engagée, où la force des images, propres aux authentiques poètes, domine. Dans son sujet de passion, et bien au-delà de son sujet de passion, sa
mémoire ancienne formatée l’amène à déborder mécaniquement en émettant des prises de possession relatives à l’écriture, à la mort, au
rôle des poètes et à l’Histoire.
Thierry SINDA